LES FAIENCES ET LA TERRE DE LANGEAISLes faïences de Langeaiswww.amoureuxduvieuxlangeais.fr - 2016-2020UNE MANUFACTURE QUI FAIT ENCORE PARLER D’ELLELorsque le jeune Charles de Boissimon arrive à Langeais (voir encadré « Charles de Boissimon »), il a un petit pécule quilui vient par héritage de son père, de solides attaches familiales et une petite expérience du travail de la terre. Il aimebeaucoup le dessin.Son cousin et associé connaît bien le commerce et la gestion. Ils vont fonder une usine sur les bords de Loire alors quetraditionnellement les lieux de production des briques et des carreaux se situent à La Rouchouze. Bel exempled’anticipation sur l’évolution des techniques et l’évolution de la Ville.Dès 1841 Charles de Boissimon et Compagnie se voient attribuerune médaille pour produits réfractaires. Mais en 1843 la manufacture reçoit une médaille d’argent àAngers pour « vases, creusets et briques réfractaires ».Nous y voilà !!!! Charles va continuer sa production de produitsréfractaires mais va se lancer dans la folle aventure des «FAIENCES DE LANGEAIS ».LE DEBUT DE LA PRODUCTIONCharles commence à offrir à la clientèle des vases, coupes etlampes blanches décorées de grappes et pampres de vigne.En 1848 une nouvelle récompense indiquequ’elle lui est décernée pour « vases, corbeilles y compris de diversescouleurs ». C’est de cette époque que datent les langeais colorés dont les tons s’étendent du jaune au marron foncé.C’est également à cette époque qu’apparaissent les Langeais polychromes suite aux travaux de Régnault et Salvetat.LA GRANDE PERIODEEntre 1850 et 1860 il va y avoir une véritable explosion des techniques.Brongniart a conseillé à Charles d’ajouter du Kaolin à la terre de Langeais pour la rendre encore plus malléable.Boissimon va pouvoir alors laisser libre cours à son imagination. On trouve des vases, des corbeilles tressées, palissadées, avec des anneaux mobiles, des décors rouges, bruns,bleus, des pots à tabac...C’est en 1862 que Boissimon dépose un brevet « d’impression d’or et de platine sur matières vitrifiables ».Voici que s’ouvre la période éclatante des langeais à décor platine. Le platine, métal inaltérable et inoxydable et d’un prixtrès abordable au XIXè siècle donne à nos faïences cet éclat incomparable que nous pouvons encore admirer de nosjours.Enfin notons que c’est vers 1879 que l’on voit apparaître « les bleus de Langeais ».LA FIN DE L’AVENTURECharles de Boissimon meurt en 1879. Son fils, Charles Marie Raoul Héard de Boissimon, médecin, laisse la gestion del’usine à Paul Arthur Busson de Langeais. On fait peu d’investissements dans l’usine. De 1879 à 1889 on assiste à unléger déclin des productions. Les tressés sont de plus en plus fins et on voit apparaître des décors héraldiques.En 1889, il meurt à son tour. La veuve de Raoul de Boissimon va tout mettre en œuvre pour sauver l’entreprise mais en vain.Etant donné les événements familiaux la manufacture va décliner. On tombe dans une production de second choix : objets de foire, de loterie ou vendus par des marchands ambulantsavec décalcomanies.L’entreprise sera vendue à MM. Léon Paul Dargouge et Georges Granboulan en 1909. Ils essaient de faire revivre lafabrique et font à nouveau des faïences artistiques qu’ils destinent à des marchés étrangers.La guerre de 1914 éclate. L’usine a connu ses heures de gloire avec les faïences mais n’a jamais abandonné lafabrication des réfractaires. Elle s’est même spécialisée dans les pièces de forme pour garnir les chaudières de bateauxet de locomotives. L’usine doit abandonner la fabrication des semi-porcelaines fines pour se consacrer uniquement à laproduction des réfractaires, seuls utiles en temps de guerre. A la fin de la guerre les goûts ont changé, la production de faïences est définitivement abandonnée.Mais au fait comment reconnaît-on une faïence de Langeais ?Après avoir lu notre livre sur « Les faïences de Langeais » elles n’auront plus aucun secret pour vous etvous saurez les reconnaitre. Pour vous le procurer, cliquez sur le bouton « Les Publications des AVL ».Brique fabriquée dans l'usine de Charles de BoissimonFaïences blanches de LangeaisFaïences colorées de LangeaisFaïences de Langeais polychromesAprès 1850, explosion des formes et des couleursFaïences de Langeais de la grande époque à décor platine ou doréFaïences bleues de LangeaisLangeais avec décors héraldiquesLangeais avec décalcomaniesAiguière marquée DG pour Dargouge/Granboulan2 exemples de signatures d'une faïence de LangeaisSignature d'une faïence de Langeais à l'époque Dargouge-GranboulanCHARLES DE BOISSIMONNé en 1817, Charles Héard de Boissimon a 22 anslorsqu’il devient propriétaire à Langeais en 1839. Lepère de Charles, Charles Elisabeth de Boissimon, étaitfabricant de carreaux et de tuiles dans le Maine-etLoire ; à partir de 1835, ilhabita Paris où il entretintdes rapports étroits avecAlexandre Brongniart,directeur de la fabrique decéramiques de Sèvres.Charles profitera de cesliens : au cours de sesséjours parisiens, ilrencontrera Brongniart et,plus tard, entre lesmanufactures de Sèvres etde Langeais, les échangesseront fréquents. Ilsemble que lesdécouvertes faites àSèvres furent appliquées rapidement à Langeais.La disparition de son père, le 10 mars 1839, conduitCharles Héard de Boissimon à prendre son destin enmains. Il choisit de s’installer à Langeais où le travailde l’argile est une activité traditionnelle mais aucunefabrique d’envergure n’y est encore implantée. Et,surtout, la production de faïences n’en est qu’auxbalbutiements. Par ailleurs, dans cette commune,Charles a de solides attaches familiales. Son oncle,Casimir Boilesve, est maire de Langeais et son cousingermain, Julien Boilesve, y est négociant ; ils vont tousdeux s’allier pour implanter, en 1840, une usine àLangeais pour fabriquer des briques et descarreaux.Les deux associés se lancent alors dans uneentreprise, certes extrèmement utile sur le planéconomique pour la circulation des marchandises etdes hommes mais surtout financièrement trèshasardeuse : la construction du Pont de Langeais (qui fut achevée en 1849). Un cahier des chargesdraconien, de graves déboires techniques et la criseéconomique à partir de 1844-1845 vont rendrel’entreprise fort coûteuse et conduire à la séparationdes deux associés : Charles Héard de Boissimondevint alors seul chef de l’entreprise “La Fabrique deLangeais” jusqu’à sa mort en 1879.Au cours de la première décennie (1840-1850),l’entreprise fabrique essentiellement des produitsréfractaires. Par la suite, sans jamais abandonner lesbriques, carreaux, calorifères, creusets de hautsfourneaux..., Charles se diversifie et améliore saproduction de faïences fines, notamment en utilisantun matériau encore peu connu et pas très onéreux :le platine sans lequel les faïences de Langeaisn’auraient pas connu une telle notoriété. A la veille desa mort, la Fabrique de Langeais vendaitannuellement jusqu’à 5 000 tonnes de produitscéramiques de toutes espèces.