L’INDUSTRIE A LANGEAIS www.amoureuxduvieuxlangeais.fr - 2016-2020 Pour le nouvel arrivant ou le touriste, Langeais est une ville paisible où le bien-vivre tourangeau s’y exprime à  merveille, entièrement tournée vers son chateau qui en est le phare incontesté. Cette image d’Epinal est bien  incomplète ; Langeais est aussi une ville industrielle et elle l’est depuis fort longtemps. Et cette industrie a su  évoluer pour devenir très performante. Longtemps dominée par les activités liées à l'argile de la Rouchouze dont les qualités sont connues et reconnues,  l'industrie langeaisienne s'est diversifiée après l'effondrement de ce secteur dans les années 1960-1970. A côté de l‘entreprise Souchu-Pinet implantée depuis plus d’un siècle et de quelques autres dont les poupées  Corolle, une industrie autour des plastiques s’est développée dans la seconde moitié du XXè siècle, au point de  qualifier Langeais de PLASTURGIE VALLEY.  LA BOUTONNERIE HISTOIRE DE LA BOUTONNERIE C’est en 1896 qu’Etienne Dargouge implante une boutonnerie au 9 de la rue Gambetta. Il sera aidé dans son activité par sa  sœur Aimée Dargouge. En 1901, Léon le fils d’Etienne épouse Madeleine Granboulan. Le jeune couple prend la boutonnerie en main et va la faire prospérer. De cette union naissent deux filles. L’aînée épouse M. de Malleray, polytechnicien, qui donnera un nouvel élan à l’entreprise qui comptera, en 1939, 280 employés dont 50 à domicile. Les boutons étaient fabriqués à partir de la noix de corozzo, fruit d’un palmier d’Amérique du sud. Après la seconde guerre  mondiale, l’arrivée de matières nouvelles (kéralithe, galalithe) et les évolutions de la mode sonneront le glas de la boutonnerie.  Elle fermera en 1957. LE TRAVAIL A LA BOUTONNERIE Le corozo Le corozo est encore appelé ivoire végétal. Il est la graine d’un  palmier qui pousse dans les régions équatoriales d’Amérique  Latine. A maturité, les graines sont dures, lisses, enveloppées d’un  tégument qui se détache facilement en laissant une mince  pellicule brune autour de la « noix ». C’est sous cette forme  qu’elles arrivent à Langeais dans des sacs en orties tressées. Préparation des noix et des plaques Les noix de corozo devaient être séchées avant d’être triées puis lavées et séchées à nouveau, puis sciées. C’était un travail de spécialiste. Compte tenu de la forme de la  graine le scieur devait s’arranger pour tirer 3 plaques les plus  grandes possibles. On utilisait des scies circulaires. Le reste,  appelé cœur, était broyé pour obtenir « le grain » utilisé dans le  polissage ou moulu en farine avec laquelle les boulangers  saupoudraient leurs pelles à enfourner le pain. Puis les plaques étaient triées par grandeur et épaisseur. Usinage du bouton Le découpage consistait à prélever le bouton dans les plaques de corozo, au moyen d’outils de coupe, « les fers »,  tournant à grande vitesse. Le perçage se faisait à l’aide de machines automatiques. On perçait à 2 ou 4 trous. Le ciselage : le bouton se devait d’être décoré et ouvragé. C’était, là encore,  le travail des femmes à l’usine. Finissage On procédait au polissage dans des tonneaux contenant de la sciure, des grains de corozo et un abrasif léger, puis,  après tamisage, on passait à la teinture. Les boutons étaient trempés à chaud dans des bains de colorants végétaux  ou chimiques suivant la couleur désirée. Cette imprégnation était superficielle ce qui permettait par découpes d’avoir  des dégradés de teintes ou bien de procéder à une teinture d’une autre couleur. Au travers de ce bref exposé on voit combien le travail des femmes  était important dans la vie de Langeais. C’est une particularité qui a  longtemps fait l’originalité de notre Ville. COROLLE, CLODREY... UNE HISTOIRE DE  POUPEES Claude Réfabert crée en 1952 à Paris une usine de poupées en  polyéthylène. M. Réfabert est à la pointe de l’innovation car nous en  sommes encore à l’ère des baigneurs en celluloïd qui sont cassables et  coupants. Il va, de plus, acheter la première « machine à perruquer »  et faire fabriquer par Rhône-Poulenc un fil qui donnera des cheveux de  poupées pouvant être non seulement coiffés mais encore lavés. En 1957 l’usine, peut-être attirée par le savoir-faire langeaisien mais  aussi par la prime octroyée par le gouvernement pour se décentraliser,  s’installe à Langeais dans les locaux de la boutonnerie. Elle créera plus  de 300 emplois dans les années 60 et exportera ses poupées dans le  monde entier. Les poupées Clodrey étaient nées. Le talent artistique des créateurs va s’y exprimer au travers de  réalisations particulièrement marquantes : en 1964, Clodrey fabrique  Nicolas et Pimprenelle qui seront les héros des premières émissions  enfantines à la télévision. Puis viendront Pollux, Zébulon et Margotte  dont tous les plus de 40 ans se souviennent encore… En 1979, c’est la création de « bébé Chéri » et de la marque « Corolle » qui va faire le succès de l’entreprise. Mais quel  travail pour en arriver à ces poupées au visage si proche du réel, aux yeux proportionnés, aux cheveux qui ne  s’arrachent pas… Une grande partie du travail se fait en usine. En 1986, Corolle est en pleine expansion ; l’entreprise emploie 150 personnes dans l’usine et 100 travailleuses à  domicile.   Ces dernières implantent les cheveux dans le crâne des poupées (travail difficile qui abîme les doigts), cousent les  vêtements coupés en usine... Maquillage, habillage, « chaussage » sont les dernières étapes avant la mise en vente. En 1990 Corolle s’associe avec le géant américain du jouet Mattel et l’usine emploiera jusqu’à 185 personnes. La société est installée depuis 1976 sur la Zone Industrielle Sud de Langeais et continue ses activités en créant toujours de belles poupées au visage européen, aux vêtements modernes. La création est toujours présente avec la mise  sur le marché de bagages pour enfants mais le  travail des femmes a domicile n’existe plus…  décentralisation oblige vers des pays … plus  compétitifs.   Découvrez les poupées Corolle et Clodrey dans notre publication "Corolle, Clodrey... une histoire de poupées" préfacée par la grande Catherine Réfabert et incluant 244 photos en couleur de poupées et poupons d'hier et d'aujourd'hui. Pour vous la procurer, cliquez sur le bouton "les Publications des AVL". ENTREPRISE SOUCHU-PINET En 1864 Henri Souchu ouvre à Langeais une maréchalerie. Il s’installe comme maréchal taillandier, fabrique et  commercialise des pioches, des bêches, des houes. Sans doute, dans son atelier on peut se procurer d’autres produits  qu’il ne fabrique pas mais qui sont nécessaires à l’agriculture : balais, râteaux, haches, charrues, herses, pressoirs,  barattes, pièces détachées. Son entreprise prospère  et pour créer sa marque il associe à son nom celui de son épouse  née Pinet. Une marque est née : SOUCHU-PINET.   Il s’installera près de la gare et développera son entreprise rue Falloux. Il occupera en plus les locaux de l’ancienne  boutonnerie après le départ de l’entreprise Clodrey. L’usine SOUCHU-PINET se trouve maintenant sur la Zone Industrielle Nord de notre ville et fabrique du matériel agricole.   Une analyse plus détaillée de l’entreprise sera prochainement proposée. COMMENT LANGEAIS EST-ELLE DEVENUE «PLASTURGIE VALLEY » ? C’est en 1963 que Charles Findeling arrive à Langeais, impasse du Moulin Rouge. Dans son usine se fabriquent «les pierres magiques», petits modules pour jeux de constructions en plastique et des «circuits 24». L’usine porte alors le nom de  «Plastiques du Val de Loire». Pour l’entreprise Clodrey installée sur l’ancien site de la boutonnerie, Plastiques du Val de  Loire fabrique en sous-traitance  le «perruquage» de Pollux, Pimprenelle et Nicolas. En 1965, l’usine s’installe sur la ZI Nord de Langeais et se lance dans l’injection, la chaudronnerie plastique avant de se  spécialiser dans l’injection plastique. Après le rachat d’une autre usine, on fabrique aussi de la colle blanche sur le site. En 1985, Patrick Findeling reprend l’usine de son Père, diversifie la production et crée le groupe PLASTIVALOIRE (PVL)  qui compte à ce jour 18 sites et regroupe 2500 collaborateurs. PVL réalise des pièces qui servent à des matériels faisant partie de notre quotidien : TV/HiFi – automobile – électroménager. Le pôle d’emplois ainsi créé est fort important non seulement pour Langeais où se trouve le Siège Social, mais aussi pour  toute la région. En 1972, un actionnaire et un commercial de l’usine fondent la Société SERVI pour fabriquer et commercialiser des moules  à fromages avant de diversifier sa production. En 1973, un chef d’équipe et un commercial, toujours issus de la maison-mère, fondent «PLASTIQUES 2005» spécialisée  dans la chaudronnerie plastique pour l’industrie laitière et travaillent pour SERVI. Les ateliers d’abord installés à La Croix-  près-Bléré vont revenir dans les locaux de SERVI sur la ZI Sud.   Sous le même toit il y avait d’un côté les ateliers et les bureaux de «Plastique 2005» et de l’autre les bureaux de «Servi». En 1980, Servi crée une machine à saler les fromages, l’injection se faisant chez plastique 2005. En 1978, un autre responsable de Plastiques du Val de Loire crée «DORYL» qui fera aussi de la chaudronnerie plastique,  créneau apparemment très porteur. En 1980, on assiste à la création, par un commercial de l’usine-mère, de SOTRAPLAST spécialisée dans  la fabrication de matériel pour les laboratoires et les centrales nucléaires. Cette usine vendue en 1998 se réinstallera à la Chapelle-Saint- Blaise. Corrélativement, Monsieur Réfabert crée POLYFLEX sur le site de la boutonnerie, une usine de flaconnage par soufflage de matière plastique. Cette usine a été transférée sur la ZI Sud. Sa raison sociale est SERIOPLAST. Et voilà comment, en 50 ans, le tissu industriel de notre Ville s'est transformé en s'éloignant peu à peu des  métiers liés à l'argile (il ne reste plus qu'une petite fabrique à La Rouchouze) pour évoluer vers la plasturgie et  devenir Plasturgie Valley. La ville offre ainsi, avec les autres industries (dont Somycel dont nous parlons dans  le chapitre consacré au tuffeau), un bassin d'emplois de 2000 postes. La boutonnerie de Langeais au début du XXè siècle Noix de corozo Boutons usinés à partir des noix de corozo Les héros télévisés des années 1960-1970, Nicolas et Pimprenelle, Pollux et Margotte L’entreprise Corolle à Langeais et quelques exemples de  poupées Corolle L'entreprise Souchu-Pinet au temps de son implantation au centre de la ville de Langeais L'usine Souchu-Pinet sur La ZI Nord L'usine PVL à Langeais LE TRAVAIL DES FEMMES Une des caractéristiques de Langeais au XIXè  siècle et jusqu’aux  années 1970 est le travail  des femmes.   Elles travaillaient avec mari et enfants dans les  briqueteries de La Rouchouze. Elles étaient  employées dans l’usine de Charles de  Boissimon pour la décoration des faïences ; les  femmes et les enfants y représentaient 50% de  l’effectif en 1850 (depuis 1841 le travail est  interdit aux enfants de moins de huit ans).   Cette habileté manuelle des langeaisiennes est  sans doute due au fait que l’osier était très  présent dans notre région et que les gens  avaient l’habileté du vannier pour tresser la  pâte pour faire les corbeilles.   On retrouve cette dextérité dans les décors des  faïences. Il fallait façonner la pâte pour en faire  des baies, des grappes de raisins, pour  découper les feuilles  et disposer l’ensemble  sur des lianes. A noter que nos langeaisiens  n’étaient pas des botanistes ; on trouve  souvent des fruits qui n’ont pas la feuille de la  plante et même quelques baies imaginaires que  le plus fin naturaliste n’arrive pas à identifier.   A la fin du siècle le travail des femmes se  déroule le plus souvent à la maison. Elles  décorent soit à la main soit par décalcomanies  les nouvelles faïences bleues, vertes ou les  objets de foire. Avec l’arrivée de la boutonnerie à Langeais en  1896 le travail à domicile va se développer. A la fermeture de cette entreprise ces activités  perdureront avec la création de l’usine  Réfabert.   Toujours à domicile les ouvrières implantaient  à la main, les cheveux dans le crâne des  fameuses poupées Clodrey qui deviendront les  poupées Corolle.   On trouvait aussi dans ces années-là des  femmes qui montaient des lignes pour les  cannes à pêche. L’habileté de nos ouvrières connue et  reconnue leur permettait tout en restant à la  maison d’élever les enfants, de faire non  seulement les travaux ménagers mais encore  du jardinage et un peu d’élevage pour  améliorer le quotidien.   Le polissage, débouchage et encartage Après toutes ces opérations les boutons devaient être à nouveau polis. A ce stade les boutons étaient terminés mais leurs trous restaient  bouchés par la sciure. Il fallait les déboucher. Ce travail se faisait à domicile à l’aide d’un tamis et de débouchoirs à 2  ou 4 trous. Femmes et enfants y participaient. Le bouton très utilisé à cette époque était vendu en mercerie et  présenté sur des cartes. Il fallait donc procéder à l’encartage qui se  faisait aussi à domicile.   La boutonnerie de Langeais fait l'objet d'une nouvelle  publication, plus riche et en couleurs. Pour vous la procurer  cliquez sur le bouton “les Publications des AVL”.